The
Mighty Three’s
(Makasound/2Good)
Le groupe des Mighty
Three’s, trio vocal jamaïcain, n’a existé que quelques années, à partir de
1977, n’a enregistré qu’un seul disque (et sa version dub), avec leurs pauvres
moyens, en 78, et a disparu du paysage musical comme une poussière magique
s’envole.. Et vingt cinq ans plus tard, un petit label français, Makasound, respectueux de la
musique jamaïcaine comme le sont les vrais passionnés, le ressort. Ceux qui ne
connaissent pas ce jeune label se demanderont peut être pourquoi, nous allons
étudier quelques indices…A l’époque, Bernard Brown réunit quelque argent pour
enregistrer avec Carlton Gregory et son propre frère Noel
« Bunny » Brown (fondateur des Chosen
Few, ex-The Falcons avec
Dennis Brown et Johnny Osbourne) un premier morceau,
« One Black People », assez bon pour qu’ils continuent. Ils écrivent
alors « Backyard Movement »,
qui sera repris par Jacob Miller plus
tard, enregistrent
« Africa shall stretch for her hand »
au studio Concert, Kingston, avec des musiciens qui n’ont jamais été célèbres,si ce n’est le chanteur Glen
Washington, alors batteur. Inconnus mais parfaits, ils sont de ces musiciens de
la grande époque qui de studios en studios ont apportés leurs talents au
service des groupes et producteurs que l’on a retenu. L’Histoire
est forcément sélective, elle ne retient que ceux qui prirent la parole.
Toujours est il qu’en écoutant les versions dubs, qui sont sur la deuxième
partie du disque, on ne sait si l’on est immergé dans du son de King Tubby, Lee Perry ou Don Mais de l’ancienne école, avec peu
d’effets, des échos doux sur les voix et de bonnes lignes de basse. Les thèmes
des chansons sont empreints du Rastafarisme des
jeunes auteurs, traitent de l’homme noir, de l’Afrique et de Jah, bien entendu, dans le slang de Kingston, et deux
chansons pour rassurer une bien-aimée, « (We got a) Good Thing
Going On » et « Don’t
Say You Don’t Love »,
poèmes allusifs simples comme deux refrains, délicieusement agréables. Leurs
chants sont tout en harmonies et finesse, « roots »
en diable, séduiront tous les amateurs du genre puisque c’est du bon reggae,
comme on dit.
Pour finir, je ne sais que penser de Makasound, qui va se permettre encore longtemps de remettre
en cause notre connaissance du reggae en ressortant de superbes disques dont
nous n’avons jamais entendu parler, nous pauvres auditeurs moyens ? Les
connaisseurs et les collectionneurs ne se poseront pas ce genre de questions,
ils guettent tous leurs disques.
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L'Ingrédient - Le.Mag.Indé.Des.Indés - 2003/2005